La subsistance, c'est quoi ?

La perspective de subsistance constitue la seule alternative pratique, éprouvée et avérée, au capitalisme, et la meilleure base d’inspiration pour repenser notre liberté dans un monde en plein bouleversement.

- Aurélien Berlan, Terre et Liberté : la quête d’autonomie contre le fantasme de délivrance (2022)

Le média Subsistance veut redonner ses lettres de noblesse à l’économie de subsistance où l’artisanat, le travail de la terre, le pastoralisme, la chasse traditionnelle et d’autres pratiques populaires ont permis – et permettent encore – à des communautés humaines traditionnelles de vivre dignement depuis des millénaires tout en préservant leur environnement de la surexploitation.

L’Oxford Dictionary of Sociology donne une définition de l’économie de subsistance :

« Une économie agraire basée sur la production pour la consommation plutôt que pour l’échange. Ces économies se caractérisent par de faibles niveaux de production, dégageant un excédent qui ne permet de satisfaire que les besoins essentiels de la vie, et sont généralement considérées par les agences de développement comme une composante majeure de la pauvreté dans le tiers monde et une cause de sous-développement. »

Une économie de subsistance désigne donc une économie où les ménages produisent eux-mêmes ce dont ils ont besoin (nourriture, vêtements, outils, habitations, etc.). Généralement, au sein d’une économie de subsistance, les gens travaillent juste assez pour couvrir leurs besoins personnels. Ainsi, les surplus (ou stocks) sont faibles voire inexistants, ce qui limite la possibilité d’échanger des marchandises sur le marché. Ce type d’économie possède l’énorme avantage d’imposer une limite matérielle à la taille que peut prendre la sphère marchande, probablement le seul mécanisme de régulation qui a prouvé son efficacité sur un temps long.

La définition du dictionnaire sociologique d’Oxford évoque rapidement la pression phénoménale exercée par la société industrielle et urbaine mondialisée sur les sociétés traditionnelles à économie de subsistance. Selon Aurélien Berlan, l’imaginaire collectif des Modernes a été refaçonné le progrès technoscientifique, l’industrialisation et le « vertige des possibles » permis par la croissance exponentielle de la sphère marchande. L’économie de subsistance est alors devenue synonyme d’une société primitive en retard sur la société moderne :

« Aujourd’hui, l’autosubsistance et l’autosuffisance évoquent d’abord la pauvreté et l’arriération : ce n’est pas “avoir ce qu’il faut” pour vivre, mais être en deçà du suffisant. L’ “économie de subsistance” des cultures paysannes et indigènes est associée à la rareté et au manque, en raison de techniques considérées comme archaïques. »

Mais le terme « subsistance » n’a pas toujours eu un sens négatif :

« À l’origine, le terme “subsistance” n’était pas péjoratif. Au sens premier, il désigne la vie dans la durée et rime avec persistance et résistance : ce qui subsiste, c’est ce qui résiste à l’action corrosive du temps. Au sens second, le terme désigne la première chose dont il faut se préoccuper pour assurer son existence. Le langage ordinaire est sans ambiguïté : les subsistances, ce sont les vivres. Comme vivre, c’est “vivre de”, assurer sa subsistance suppose d’abord de trouver de quoi se nourrir. D’où le fait que la subsistance soit si étroitement associée aux pratiques paysannes. »

 

Le média Subsistance s’inscrit dans cette perspective autonomiste, avec l’ambition d’inspirer le public francophone en proposant des contenus de haute qualité sur les sociétés traditionnelles contemporaines et disparues.

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